Vendredi 5 août, je pars de Lublin à 9h le moral en berne, aucun courage, je m'arrête tous les 5 kms pour boire, grignoter ou rien. Pas envie de pédaler aujourd'hui. Vent 30 à 40 kms de face et route en montagne russe.
De plus il fait chaud et le trafic plutôt important, or je pensais trouver une route secondaire tranquille, raté ! .
Bon je dois avancer encore un peu , je ne ferai pas 90 kms pour arriver â Zamość.
Envie de m'étendre dans les blés et de dormir…..non pas mourir mais rêver peut être. ......
A 50kms de Lublin je commence à chercher un hébergement en pleine campagne « nie,nie,nie » me répondent les quelques rares passants que je croise au bord de la route. j’étais fracassée, les cuisses n’en pouvaient plus et le mental non plus, ni tête ni jambe. Quand devant une belle maison, la jeune femme à laquelle je m'adresse me dit d'attendre et revenant avec son mari ils me proposent la chambre de leur fille Magdalena qui travaille dans la restauration dans une ville éloignée .
A peine installée, Barbara me prépare à manger puis elle vaque à ses travaux, le jardin potager immense, la pelouse à tondre, sa mère impotente qui habite à côté . Je restais seule dans la maison en pleine confiance. A son retour nous avons communiqué via google . Wojciek, son mari, partage son temps depuis 24 ans entre l’Allemagne où il travaille comme peintre en bâtiment et la ferme céréalière de 50 hectares où, aidé de son fils ainé Marcin, ils cultivent blé, orge, seigle. 1 mois en Allemagne et 1 mois en Pologne, il réinvestit dans sa superbe maison qui bénéficie de tout le confort et la ferme dont le matériel est flambant neuf.
Vers 20h avec Barbara nous faisons une « collation » (charcuterie, fromage, framboise du jardin, gâteau fait maison, le fameux szazlotka et tisane à la framboise).
Les moissonneuses battent leur plein avec le beau temps, elles ronronnent dans tous les champs.
Vers 23h Wojciek et son fils ainé Marcin rentrent des champs où ils ont moissonné toute la journée, se joint à eux le deuxième fils Mateus.
Nous avons discuté via Google et nous nous sommes couchés tard. Wojciek a beaucoup d’humour ; seule interdiction pour moi la française, ne pas manger l’unique grenouille de la mare quant aux escargots autant que je veux.
Le lendemain, jour de repos pour tous, je suis invitée chaleureusement à rester avec eux. Le temps s’est dégradé et je prends un cours de cuisine avec Barbara ; j'aide aux pierogi puis j'épluche les légumes pour le zurek, soupe que j'adore. le silence s' est installé seuls les gestes suffisent et une compréhension non verbale s'instaure entre nous.
Les pierogi au fromage
Le dimanche, ils souhaitent que je reste mais je dois avancer. Aussi, après un magistral petit déjeuner et avant leur départ pour la messe, je les quitte avec la larme à l'œil.
Il règne dans cette famille une réelle entente et ce couple est plein d'attention l'un vis-à-vis de l'autre