mercredi 29 août 2018

Île de Valaam

Du lac Onega j’ai pédalé 250 kms  pour rejoindre le lac Ladoga. 
Je llonge le Ladoga, lac le plus vaste d’Europe (30 fois le lac Léman);  longer plutôt je dois contourner ses rives abruptes et découpées. Pour la pauvre cycliste tout le long ce ne sont que virages et montagnes russes. Des panneaux signalent les dénivelés de 6% à 12% mais les dénivellations ne s’étalent que sur les 20 derniers mètres, soudain la route monte brutalement et plusieurs fois j’ai terminé à pied en poussant le vélo. Je monte et descends sans arrêt.




Sortavala
Ville importante au nord du Lac. Lyuda, une amie d’Anastasia me fait visiter la ville. Je remarque les nombreuses banques elle m’explique que Sortavala a toujours été un lieu de passage entre Finlande et Russie tantôt appartenant à un état et tantôt à l’autre au gré des accords, des désaccords et des guerres. Les échanges se faisaient dans cette ville qui a donc développé commerce et finance. Aujourd’hui elle s’endort doucement bercée par le clapotis du Ladoga.








Lyudia 










L’île Valaam 

J’avais précisé à Lyuda que je ne voulais pas prendre une excursion ne comprenant pas le russe. Donc après renseignement il suffisait que j’achète mon billet À/R auprès du capitaine du bateau le jour du départ. Donc le matin une demie heure avant le départ je me rends sur le quai et  je reconnais le capitaine à sa magnifique casquette. Je lui tends l’argent en échange d’un billet « niet » me dit-il et il me tient un long discours. J’insiste , il se détourne et m’ignore. J’avise un autre gradé et lui demande la même chose, même réponse « niet » je tente de trouver autour de moi quelqu’un parlant anglais mais impossible. Désespérée je me résous à déranger Nadia à Petrozavodsk. Le capitaine ne veut plus me voir, aussi je lui colle le téléphone à l’oreille et entendant parler russe il écoute et s’explique. En fait je devais m’inscrire à l’avance dans une agence afin d’apparaître sur sa liste. Nadia fait toutes les démarches et je prends le bateau de 11h avec le même capitaine car l’hydroglisseur effectue la navette entre Sortavala et l’île (1h):





Encore une merveille de monastère niché sur un promontoire qui domine toute l’île.
Cette île est assez grande aussi je loue un vélo électrique, une première, et je pars à la découverte des ermitages et chapelles qui parsèment l’île. Grande quiétude, En chemin Je discute avec Constantin, un moine qui connaît quelques mots de français. Il partage sa vie monacale entre jardinage, préparation des repas et prières. Tous les moines travaillent.








Monastère.  Interdit aux femmes 









Constantin 





Et puis la cathédrale où se joue une messe. 





Soudain j’entends des voix qui chantent et me dirigeant vers elles je pénètre dans une chapelle où 5 moines chantent à capella des cantiques ; l’émotion me saisit comme à Kiji. Je les écoute et les réécoute car ils chantent assez longtemps pour les touristes russes qui sont venus se recueillir au monastère










« La schola de Valaam a tellement travaillé le matériau de la voix que des disciples provenant des quatre coins de la Russie viennent y emprunter techniques et inspiration. Le chant orthodoxe produit des harmonies qui peuvent paraître exotiques à nos oreilles puisqu’il se fonde sur des gammes héritées de la théorie musicale de la Grèce antique. » Internet 



Seul bémol : sous l’ère soviétique les moines ont quitté l’île et le monastère a abrité une usine de pâtes puis une base militaire. L’eglIse a subi de graves dommages ainsi que les chapelles environnantes. Puis les moines sont revenus peu à peu et avec l’aide des habitants le monastère et la  cathédrale furent  reconstruits. Le haut clergé orthodoxe a alors mis main basse sur l’île et les iliens ont été priés d’aller voir ailleurs. Ceux qui restent continuent de revendiquer leur bien mais pot de fer contre pot de terre......

vendredi 24 août 2018

La Carélie


Le dernier soir Anastasia avait préparé une soupe « chi » et Seroja avait cuisiné un ragoût d’élan aux poivrons avec les cornichons, le fromage et les pommes de terre : un délice.
Ce fut difficile de se quitter. Nous avions les larmes au bord des cils. Nous avions su nous apprécier.
« Et je m’en fus au vent mauvais qui m’emporte deçà de là pareil à la feuille morte » 
sur une route principale au trafic important sans place pour le vélo.

A Prazha je quitte enfin cette route et pénètre dans un village qui s’étire le long d’une rue qui n’en finit pas. Elle est bordée de petites maisons et d’immeubles à 3 où 4 étages tous identiques gris ; je les retrouverai dans chaque village traversé. 





Le magasin




Le Lendemain dans la campagne de Carélie entre forêts et lacs: superbes paysages qui me rappellent la Laponie.je m’arrête pour demander où se trouve le café. A 40kms me répond un homme au superbe teeshirt qui m’offre des pirachki, petits pâtés à la viande qu’il vend dans les villages. 


Je reprends la route et 300m plus loin un monsieur à vélo me fait signe. Je m’arrête et il me dit « borch, dom » ok’ je le suis et nous montons au 2eme étage de l’immeuble gris. 
Dans une pièce minuscule une petite table et un lit qui sert de canapé où son fils de 3 ans fait des galipettes en regardant les dessins animés. Il m’apporte un bol de borch une assiette remplie de fines tranches de lard et un petit verre de vodka. Il m’explique que les trois se mangent ensemble. Je décline la vodka déconseillée aux cyclistes.
Nous discutons via Google. Avant de partir il m’offre un magnet de l’île de vàlaâm que je dois absolument visiter.
En partant je vais saluer sa femme qui est restée dans la cuisine.








Un autre soir je cherche en vain un hébergement. Je quitte la route principale et pédale sur  un  chemin de terre qui monte à un hameau , quelques maisons éparses et 3 immeubles décatis. En haut d’un terre-plein et dominant le lac une adorable église bleue et jaune. Je décide de bivouaquer à l’ombre de La Croix orthodoxe face au lac. J’admire le soleil qui se couche en dardant ses derniers rayons sur l’eau qui en rougit.








Belle nuit; je plie bagage à 7h30. La route 121 est belle, large. Les bas côtés sont en sable et silex interdits pour moi. La bande d’arrêt d’urgence est minuscule et je ne peux pas rouler dessus. Pas de  limitation de vitesse, pas de radar, pas de policier  les conducteurs foncent parfois me frôlent et me déstabilisent.
Au bout de 60 kms je trouve LE café. Anastasia l’avait repéré et téléphoné pour savoir si je pouvais y dormir. Donc quand j’arrive la patronne n’est pas étonnée et m’ouvre une vaste salle où elle entrepose ses tables et ses chaises. Au fond de cette pièce elle a installé un lit pliant afin que je puisse dormir. Thé et salianka me sont servis dans la salle du café. Soudain dehors c’est le déluge.. Avant de rejoindre mes pénates le patron Igor m’offre un verre de vodka que je bois cette fois avec lards et cornichons.
Il pleut toute le nuit.
Super petit déjeuner : soufflé aux champignons, saucisses, crêpes arrosées de crème et thé aux herbes. Je pars la panse bien remplie.

Saint Petersbourg - Mourmansk 



Un jour d’enfer sur la 121
Cette superbe route 121 se transforme en enfer avec la pluie et le trafic. Les bus et les cars ne dévient pas d’un pouce pour me dépasser ce qui non seulement me déstabilise mais m’éclabousse et m’aveugle. 
A un moment je suis enfin seule et tranquille quand Soudain je vois sur ma gauche une bête couleur fauve, chien, loup ou chien-loup, qui traverse la route et me court après. Prise de panique j’appuie de toutes mes forces sur les pédales 34,38,45 heureusement la route descend; l’animal sans un bruit ni aboiement ni grognement se rapproche ; je hurle sur le vélo quand une voiture arrive en face, de ma main gauche je lui fais signe d’empêcher ce monstre de me poursuivre. Toujours à fond sur mes pédales je me retourne et ne le vois plus, je continue ma course le cœur battant la chamade. Je ne m’arrêterai que 10kms plus tard en tremblant encore de peur.
Je suis trempée mais je ne sais si c’est pluie ou « sueur froide » comme dirait Alfred.
A Koyrinoya je rejoins enfin le Lac Ladoga et trouve un hébergement près de ses eaux calmes.
Je m’aperçois alors que je n’ai qu’un méchant trognon de pain et une banane à manger, pas de restaurant ni de magasin à l’horizon.
Quelle journée !!!!





lundi 20 août 2018

Solovski

L’archipel des Solovski

2 nuits de transport et 1 journée sur l’île.

Zakhar Prilepine:

« Plus le monastère se rapprochait, plus le cri des mouettes était assourdissant. L’édifice se dressait tellement lourd et massif qu’il donnait l’impression non pas d’avoir été construit par de faibles humains, mais d’être tombé du ciel d’un seul coup de tout son torse de pierre et d’avoir pris au piège tout ceux qui s’étaient trouvés là »




                                     


















Sur le canal de Belomorsk à l’aller  

                                                                       Il est 23h30


                                                          Nuit blanche