mercredi 31 août 2016

Le long de la frontière moldave

« les Carpates cassent les pattes » proverbe roumain bien connu !
Je m’étais imaginée qu'en longeant la frontière moldave le long de la rivière Prut j'éviterais les monts Carpates. Que nenni, les charmantes collines se métamorphosent en monts redoutables pour mes jambes. Des montées entre 7 et 10% qui s' étirent sur 2 à 3 kms., de belles descentes !
 je chante en descente et déchante en montée.






La chaleur m'epuise aussi je pars le matin entre 7h et 7h30.
j'arrive donc en début d'après midi dans les villes. Ainsi Je m'arrête à Iasi, très belle ville avec toujours les immenses places et les larges boulevards. Le monastère Golia aux peintures  du 17eme siecle remarquables, des églises et un hôtel de ville imposant et puis aussi les réalisations moins heureuses de l'époque Ceausescu.
 Le soir dîner aux sons des Balkans.




                                         



Dans les villages, les maisons en recherche de lumiere ont des verrières décorées. Peu de circulation à part les charettes que je croise. Parfois j'aperçois des batiments abandonnés qui me rappelle les kolkoses vus en Ukraine.






















Un  après midi, je  pensais trouver un endroit pour dormir à Murgeni. Or je suis arrivée dans un village entièrement habité par des roms, des tziganes, aucun roumain je m'arrête et aussitôt un essaim d’enfants entoure ma bicyclette et commence à toucher aux sacoches tandis que le plus âgé d'entre eux détourne mon attention. Je me remets en selle et redémarre vers un autre bourg.





Les nuages apparaissent et s’accumulent en une masse grise. Dans le village suivant, Blagesti, je me rends à la mairie juste avant la fermeture de 15h. Les femmes qui s' y trouvent parlent français. La mairesse passe un coup de fil et ensuite me conduit chez sa voisine, sa copine. J'ai une chambre pour la nuit. La maison est rustique comme dit Justine, la mairesse, et sent bon la campagne. Babouchka (ainsi l’ai-je surnommée ne réussissant pas a prononcer son prénom) , femme énergique de 77ans, possède 2 porcs, une vache, 3 chiens et une cinquantaine de poules de races différentes. Elle me remplit une bassine d'eau pour que je me lave dans sa cour. Soudain des bourrasques plient les arbres, le tonnerre gronde  et une pluie torrentielle  s'abat sur la maison . Durant 1 quart d’heure c’est le déluge. J’ai vraiment eu de la chance de trouver refuge avant cette tornade.
Babouchka prépare le café que nous buvons sous sa tonnelle avec Justine et son amis Lumilla. La vie est tranquille,  on prend son temps pour discuter, on rit beaucoup, on se masse , on s’affectionne.








Puis j’ai tout loisir d’observer ses poules. Je remarque qu'elles ont la même démarche que les mannequins ; les pattes se croisant quand elles marchent leur donnent ce déhanchement langoureux que l'on voit sur les podiums. Parfois elles s' arrêtent une patte  arrière posée sur la pointe, le cou droit, le regard lointain, image gracieuse de la poule.
A 18h30 chaque soir Babouchka part chercher sa vache qui broute dans un champs. Elle la ramène à la maison pour la traire, puis les gens du village viennent acheter le lait.




« Rien que pour te rencontrer,  Babouchka, ça valait le coup de faire plus de 3500kms, ton sourire magnifique, ton regard malin, ton humour que j'ai capté malgré nos langages différents, ta discrétion, ton énergie.  Et puis au moment du départ ce châle que tu m’as offert toi qui ne possèdes pas grand-chose ; quelle émotion.  Merci . »